En formation Pleine Conscience à Londres pendant 15 jours, j’en profite pour « Mysorer » à 6h au studio là où a lieu la formation . Et ce matin la professeur m’a demandé de m’arrêter à Supta Kurmasa . Quoi ? Sérieusement ? Moi professeure de Yoga…….
Donc même si les postures suivantes me sont plus accessibles que cette fameuse posture de la tortue endormie, je m ‘arrête ici ? ici, là où mon corps manque d’ouverture au niveau de mes hanches, peut être aussi un peu au niveau des épaules… Je demande à mon corps de s’ arrêter, de rester bloquer à une difficulté rencontrée ? Je ne pratique pas le Yoga, encore moins l’Ashtanga pour que mon corps maîtrise une posture ! J’utilise les postures pour respirer dans des endroits où j’oublie de créer de l’espace. Ma pratique est un rendez-vous doux, de compassion de bienveillance avec moi-même et non un moment de challenge. De stopper sa pratique à la posture qui nous demande plus de temps, créait un lien d’attachement à cette dernière. Le détachement « vairagya »ne fait il pas partie intégrante d’une pratique yogique ? car oui je rappelle le Yoga est une pratique, et qui se PRATQIUE en dehors de son tapis ! Demander à l’élève de s’arrêter là où il est en échec, est un non sens pour moi ! Car ce qui est essentiel n’est pas la réussite de la posture, mais le chemin emprunté pour aller à la rencontre de cette posture. J’enseigne le Yoga, dont l’Ashtanga depuis plus de 5 ans. Je transmets mes connaissances à mon humble niveau. Je ne prétends pas être la meilleure ni la plus mauvaise des professeurs. Je donne de mon mieux de ce que j’apprends, ce que j’expérimente chaque jour. Depuis ces 5 dernières années je peux affirmer que le Yoga est entrée dans de nombreuses vies des personnes rencontrées. Je ne sais pas si c’est grâce à moi (par mon enseignement) ou si c’est par un concours de circonstances : le bon moment, le bon endroit, la bonne personne … probablement un mix de tout cela. Aussi, je suis fière d’avoir su transmettre l’envie de dérouler son tapis à toutes ces personnes, qui ont continué à pratiquer avec ou sans moi. Donc dans un sens, pour celles qui ont continué leur pratique avec moi, c’est bien en rapport avec la manière de transmettre. Je ne prétends pas que ma méthode est supérieure à d’autre, ou qu’elle convienne à tout le monde, mais cette façon d’aborder le Yoga, a eu au moins le mérite de faire connaître le Yoga à un plus grand nombre. Lorsque j’enseigne l’Ashtanga, si un élève rencontre une difficulté physiologique (tension musculaire ou une compression osseuse), je lui offre toujours l’option de modifier celle-çi. Car oui, c’est bien la posture qui s’adapte à notre corps et non l’inverse ! Si, nous partions du principe inverse, c’est à dire, qu’il nous revient de nous adapter à la posture, une fois de plus, nous devrions nous fondre dans un moule et occulter notre singularité… mais est-ce là encore une fois de plus la voie du Yoga, celle qui continue en dehors de son tapis ? Si ma vision de la transmission aurait été celle-là, je doute que tous ces élèves auraient continué leur pratique (avec ou sans moi). Moi, la première, je pratique les asanas (l’Ashtanga entre autre) pour moi-même, pour me sentir mieux avec moi, pour garder ce bien-être que me procure la méditation en mouvement, pour être juste là, avec moi sans objectif. Je ne cherche pas à obtenir ni à maîtriser une posture ! Après m’être arrêtée à cette fameuse posture de Supta Kurmasana, comme demandé gentiment, la professeure, après tout c’est sa classe, et c’est bien pour cela que je respecte sa décision, j’ai observé toutes ces personnes qui pratiquent autour de moi. Pour certaines, elles sont là tous les matins depuis mon arrivée. Je vois des mains qui attrapent des pieds avec un dos complètement vouté (ce qui écrase les disques et comprime le nerf sciatique), celles qui s’arrêtent à une posture « pic » qui la recommencent encore et encore … Lorsque je les observe, j ai une certaine fascination, de voir leur persévérance, mais cette admiration ne dure pas longtemps. La plupart de ces personnes se ressemblent. Quant à leur façon de se comporter … rien ne leur échappe, à leur contrôle « toi, posture, je te dominerai ! » J’ai envie de dire « GREAT ! » comme ça leur compte en banque d’asanas va pouvoir se remplir de plus belle ! Comme si les postures étaient à vendre …. Alors qu’elle sera la suivante sur votre liste ? Voilà, nous y sommes ! Posséder la posture, pour ensuite s’attaquer à la suivante… et ce, jusqu’à la fin.Ce n’est pas là ma conception du Yoga. Je m’observe, et remarque que le fait de m’arrêter là, me met face à mon incapacité ponctuelle, à un échec, et si il y a échec, forcement un sentiment de ne pas être à la hauteur émerge. Nous rencontrons suffisamment d’expériences au quotidien qui nous confrontent à un manque, à un échec. Le plaisir de la pratique se raréfie, et peut-être que la prochaine fois que l’on déroulera son tapis ça sera plus par obligation « je dois pratiquer pour mon mieux-être ! ». Ce rendez-vous avec soi-même habituellement pris lorsque nous pratiquons n’aura d’autre but que de s’améliorer physiquement, pour enfin passer à la posture suivante. Lassitude, contrôle, obligation, performance, tous ces mots ne font pas parti du champ lexical du Yoga. A t’on vraiment besoin de retrouver ces sensations sur son tapis ? Devrait on pas plutôt utiliser notre tapis comme laboratoire pour trouver un remède qui nous aiderait à nous confronter à ce genre d expérience une fois le tapis roulé ? Si je devais m’arrêter à une posture, comme cette professeure me l’a demandé, j’arrêterai immédiatement de pratiquer l’Ashtanga. Mais pourquoi arrêter alors que c’est cette pratique qui m’a faite tomber amoureuse du Yoga et de moi-même ? On me demande souvent si le Yoga, et notamment l’Ashtanga est une pratique accessible à tous ? Je réponds oui, tout dépendra de l’intention que l’on y met !Et en l’occurrence, la mienne n’est pas d’utiliser le Yoga comme moyen de contrôle, de compétition avec les autres ou envers moi même pour prouver quoi ce soit. Oui le Yoga est un merveilleux outil pour nous aider à nous rapprocher de nous et des autres, mais il peut être aussi détourné pour assouvir ses névroses que nous avons tous ! Alors comment utilisez vous le Yoga? Quelle est l’honnête attention que vous accordez à votre pratique ? Je dis merci à cette expérience matinale car sans elle ces mots et réflexions n’auraient pu être dressées. Sans elle, je n’aurais peut être pas pris le temps de me rappeler pourquoi j’enseigne et pratique de manière non traditionnelle !
0 Commentaires
Laisser un réponse. |
![]() SAVE THE DATE
3&4 octobre 2020 Categories
Tout
Archives
Octobre 2020
VIDEOSMOVING YOGAToute l'info sur vos cours de Yoga à Perpignan au studio Moving Yoga |